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Gilles Zaepffel nous a quitté !

Gilles Zaepffel, metteur en scène et Directeur de l’Atelier du Plateau à Paris, nous a faussé subitement compagnie ce vendredi 23 septembre, emporté par une maladie dont la fulgurance n’aura permis ni à ses proches, ni à ses amis, ni au public de se préparer.

Si la peine que sa disparition provoque est si grande, et si ceux qui l’éprouvent sont si nombreux c’est parce que Gilles Zaepffel était un être d’exception. Un artiste rare d’abord et un homme d’une générosité et d’une attention aux autres jamais démenties.

Ses créations, où se mêlaient les nationalités, les âges et les disciplines respiraient la poésie, l’humour et l’humanité qu’il dégageait lui même.
Si nous pleurons aujourd’hui ça n’est pas sur son sort, mais sur le nôtre. Gilles Zaepffel est parti après avoir mené la vie qu’il entendait mener : une vie pleine et joyeuse, la vie d’un homme libre.

C’est à nous que sa finesse, sa lucidité, son engagement et sa joie communicative manquent et manqueront terriblement.
Son départ ne rend pas seulement tristes et malheureux ses proches et ses amis, il va aussi les fragiliser.

Gilles Zaepffel donnait, par son parcours artistique personnel et par l’intelligence de ses choix, une crédibilité à de nombreuses équipes artistiques et à ces lieux que l’on qualifie d’ « indépendants ». Pour ceux-là, dont nous sommes, sa disparition signifie une incontestable perte de rayonnement et d’audience.

Mais nous pensons d’abord à l’Atelier du Plateau et à son équipe. A Laetitia, sa femme, et à Matthieu Malgrange qui ont pris part depuis 1999 à l’aventure de ce « Centre Dramatique National de Quartier », comme ils l’ont baptisé, à nos yeux l’un des lieux de créations les plus importants de la capitale, rien de moins.

Ce lieu a largement construit son histoire autour des amitiés innombrables et internationales que Gilles Zaepffel avait créées depuis plusieurs décennies dans toutes les disciplines artistiques. Ces amitiés-là, construites dans le bonheur mais aussi les combats de tous ordres, ne lui feront pas défaut.
Gilles Zaepffel n’est pas remplaçable, mais il avait créé et formé autour de lui une équipe qui depuis le début est associée aux choix artistiques et à l’économie de combat que cette aventure demande et demandera. Nous ne pouvons pas imaginer que les aides financières, modestes mais indispensables, dont bénéficiaient l’Atelier du Plateau et la compagnie Ecarlate, soient remises en question de quelque façon que ce soit.
Sur cette question, on peut compter sur la vigilance des amis de Gilles, artistes ou non. Nous aimerions être certains de pouvoir compter sur celle des institutions.

Il serait beau, et juste, que le public s’associe à cette vigilance par son attention et sa présence à l’Atelier du Plateau.

Nous avons tous à gagner à ce que le parcours et l’œuvre d’un homme remarquable ne tombe pas dans l’oubli. Si d’aventure il s’avérait possible de rejouer les mises en scène de Gilles, l’équipe de l’Echangeur serait fière et heureuse de les accueillir .

Régis Hebette
et l’équipe du Théâtre l’Echangeur.